Extrait de la planche n°1325, Conyza squarrosa
Un magnifique herbier ancien, datant de la fin du XVIIIe et début XIXe siècle, est conservé au château de Fiches. Il illustre, entre autres, la flore de l’Ariège et des Pyrénées. Cet herbier et le meuble qui le contient sont inscrits à l’inventaire des monuments historiques.
L’HERBIER ANCIEN, UNE COLLECTION HISTORIQUE EN ARIÈGE
L’herbier du château de Fiches a été réalisé par Jean Joseph Adrien Fauré de Fiches (1774-1858). Agronome et naturaliste, syndic de la province de Foix et membre du conseil général de l’Ariège, Jean Joseph Adrien Fauré de Fiches a été l’élève d’un des plus grands biologistes de son temps, Jean-Baptiste de Lamarck.
L’herbier de Fiches se compose de 2444 planches, soit plus de 3000 espèces de plantes récoltées en Ariège, dans les Pyrénées et au-delà. Il regroupe près de 150 familles botaniques, représentant une image historique du monde végétal de toute beauté et d’un grand intérêt scientifique.
Planche extraite de l’herbier d'Adrien Fauré de Fiches réalisé aux alentours de 1800
Planche n°782 : Biscutella didyma. La Biscutelle des Pouilles (région d'Italie), ou lunetière (ses fruits sont accolés en forme de lunettes). Cette plante appartient à la famille des Brassicacées, comme la "Monnaie du Pape" ... et la moutarde.
" Mémoire végétale "
Dans un herbier, chaque spécimen est le témoin de l’existence d’une espèce végétale en un lieu donné et à un moment précis de l’histoire, ce qui le rend unique et irremplaçable.
Au regard des modifications de notre environnement, liées aux activités humaines, notamment le changement climatique, les herbiers anciens, comme celui du château de Fiches en Ariège, constituent un patrimoine scientifique et culturel de première importance.
Ils sont la mémoire végétale de notre monde !
Planche 541 de l'herbier d'Adrien Fauré de Fiches : Convallaria polygonatum (Tarascon-sur-Ariège) (nouvelle dénomination : Polygonatum vulgaris)
En français, on l'appelle le Sceau de Salomon (ses racines portent des cicatrices en forme de sceau...), Genouillet ou Grenouillet ou encore Herbe aux panaris. Les rhizomes étaient utilisés en cataplasme contre les contusions, les rhumatismes, la goutte, et en lotion, contre les panaris.
Afin de rendre une partie de la collection accessible au public, quelques planches de l’herbier ont fait l’objet d’expositions temporaires.
L’herbier d’Adrien Fauré de Fiches a aujourd’hui été entièrement numérisé et la collection numérique est en cours de transmission au Conservatoire botanique national des Pyrénées de Bagnères-de-Bigorre.
UN MORCEAU DE L’HISTOIRE DES SCIENCES !
Diplômé de zoologie en 1795, Jean Joseph Adrien Fauré de Fiches a été l’élève de Jean Baptiste de Lamarck au Muséum National d’Histoire Naturelle. Or, le Chevalier de Lamarck (1744-1829) n’est autre que le père fondateur de la biologie ! En 1802, il propose de désigner sous ce nom la science des êtres vivants. Dans le domaine de la botanique, Lamarck publie la première clé de détermination des plantes, inventant un procédé d’identification (la méthode dichotomique) simple et accessible aux non-spécialistes, toujours utilisé de nos jours. Lamarck est aussi l’un des premiers naturalistes à avoir supposé la nécessité théorique de l'évolution, près d’un demi-siècle avant Darwin ! Dès les débuts du XIXe siècle, l'influence nationale et internationale de Lamarck a été assurée par les centaines d'étudiants de tous pays qui ont suivi ses cours à l’Académie des Sciences puis au Muséum National d’histoire naturelle de Paris. Jean Joseph Adrien Fauré de Fiches était du nombre, participant à la circulation des idées et à la diffusion du savoir scientifique en ces temps historiques où se jouait une révolution intellectuelle et culturelle dont nous sommes tous les héritiers.